Conservation des cigares : test comparatif

Quels sont les effets du stockage sur un cigare? Un expert en cave à cigares a soumis au verdict de 45 dégustateurs des cigares identiques mais stockés dans trois conditions totalement différentes.
Ce test vise à démontrer les effets sur les cigares de leur environnement de stockage. Les préparations suivantes ont été effectuées : les 150 cigares testés ont été stockés correctement à un peu moins de 70% d’humidité relative durant des années. En 2010, ils ont été divisés en trois groupes composés chacun de 50 cigares. Ils furent ensuite stockés pour deux années supplémentaires – mais cette fois dans des conditions notablement différentes. Quelques semaines avant le test, tous les cigares ont de nouveau été exposés au même niveau d’humidité au sein d’une cave à cigares professionnelle. Au cours du test comparatif, les participants ont fumé successivement les trois Punch Coronas (142 x 16,7 | 5 5/8 x 42, Boxing date AGO 07) stockés différemment. Chaque cigare présenté à l’évaluation des 45 dégustateurs a été numéroté (1, 2 et 3). Les critères d’appréciation suivants ont été appliqués pour les cigares : leur allure et leur finition, leur bouquet, leur arôme, leur goût, leur puissance (Le cigare testé est-il doux ? Est-il plutôt ou moyen ? Se révèle-t-il corsé ?) ainsi que la régularité de leur combustion.

La conservation

Cigare 1

stockage négligé (absence de boîte) dans une cave à cigare mal aménagée avec humidification non contrôlée (humidité de l’air comprise entre 55% et 80%).

Cigare 2

stockage dans une boîte fermée disposée au sein d’une cave dotée d’un contrôle électronique pour que le taux d’humidité relative se maintienne à 72%.

Cigare 3

stockage à l’intérieur d’un coffret fermé, mais qui ne bénéficie pas de la protection d’une cave à cigare à proprement parler, et, par conséquent, les cigares ne sont sujets à aucune humidification. Quelques semaines avant le test comparatif, tous les cigares ont été rassemblés dans la cave professionnelle et disposés dans des boîtes ouvertes.

Conclusions concernant l’apparence et la finition

Le stockage à sec n’a pas vraiment amélioré la présentation des cigares. Le cigare 1 a été décrit comme excellent, convenable ou satisfaisant par 88% des personnes interrogées. Ces mêmes remarques ont été faites par 86% des dégustateurs concernant le cigare 2, tandis que seulement 67% des personnes en test ont estimé que le cigare 3 possède une apparence correcte.

Conclusion concernant le bouquet (parfum délivré par la cape du cigare à froid, c’est-dire, quand il n’est pas allumé)


Le dépérissement du bouquet est significatif à la fois sur le cigare 1 (entreposé dans une cave rudimentaire) et le cigare 3 qui est sec. Il est intéressant de noter que le cigare 3, dont le dessèchement a été inévitable, se voyait attribuer la remarque «Parfum de tabac typique» plus fréquemment que le n°1 stocké dans une cave ordinaire. Cette situation pourrait suggérer un développement, une transformation progressive, du cigare lui-même. Ce constat serait également dû au fait que les cigares ont tous été entreposés dans la même cave pendant plusieurs semaines entraînant un phénomène de transmission d’arômes.
Ce qui, par ailleurs, est intéressant, c’est que de nombreux participants ont qualifié de sobre le bouquet du cigare sec n°3. Du reste, leur verdict final en a fait le meilleur cigare. Il est à souligner que cette sentence n’avait rien à voir avec le savoureux goût du produit testé. Les dégustateurs en sont arrivés à cette conclusion, car le cigare possède un bon tirage doublé d’une combustion régulière.

Conclusions concernant les arômes

Ce qui frappe d’emblée, c’est le bon équilibre du panel aromatique du cigare n° 2 qui fut correctement stocké : 61% des personnes testées ont accordé à la qualité de son arôme la mention « Très bonne à bonne » tandis que seulement 37% ont donné cette même appréciation au numéro 3.
Le résultat des observations sur le cigare 1, qui fut disposé au sein d’une cave ordinaire, a surpris notre expert : seulement 25% des participants ont estimé que son arôme était « très bon à bon ». Le fait que la cave à cigare standard ait été fabriqué avec le mauvais bois (du cèdre canadien) a conduit à un changement d’arôme nettement perceptible. Cette transformation aromatique n’a pas suscité, en grande partie, des appréciations positives. Ce qui est étonnant, c’est que le cigare 1 s’est vu attribuer un « bon à très bon arôme » par environ la moitié des participants qui sont parvenus à deviner quel cigare avait été stocké dans quelles conditions. Ceux qui préféraient le cigare n°3 trouvaient l’arôme du cigare n°1 plutôt « satisfaisant ou mauvais » tandis qu’ils jugeaient excellent celui du cigare n°3. Cela peut être lié à une préférence personnelle pour les cigares plus doux – mais ce n’est qu’une supposition.

Conclusions concernant les goûts

71% des personnes qui ont accepté de tester les vitoles ont trouvé que le goût du cigare correctement entreposé était « Très bon à bon ». Parallèlement, 31% des participants à la dégustation ont trouvé le cigare sec (n°3) tellement bon qu’ils lui ont donné la même appréciation. Le cigare n°1 n’a conquis que 24% des dégustateurs. Cette situation est surprenante compte tenu du fait que l’humidité relative, à laquelle a été soumis le cigare 1, n’a jamais été inférieure à 55 % et n’a nullement surpassé les 82 %. En fait, ce sont les fluctuations du taux d’humidité qui non seulement semblent augmenter le risque d’endommagement de la cape, mais en plus exercent un impact négatif significatif sur le goût.
La saveur du numéro 1 était très souvent décrite avec les expressions suivantes : « sèche », « plate », « comme le foin », « poussiéreuse », « sucrée », « noix ». Toutefois, il est à noter que tous les participants qui ont jugé que le n° 1 avait un goût sucré de noix ont également désigné ce cigare comme étant le meilleur des trois.
Parallèlement, les participants, pour qui le n° 2 pouvait être considéré comme le meilleur cigare, ont également ressenti que le n° 1 était sucré et avait un goût de noix. Il s’agit là d’un ensemble de remarques intéressantes et pertinentes. Apparemment, les conditions de stockage du n°1 favorisent l’apparition et le renforcement d’une diversité d’impressions gustatives. On l’a mentionné précédemment, le n°1 a en effet obtenu des résultats plutôt médiocres sur son goût. Celui-ci a été également qualifié de « salé, amer, simplement insipide » par les autres participants.

Les conclusions concernant la puissance

L’évaluation de la force d’un cigare est plus difficile qu’il n’y paraît à première vue. Qu’est-ce que la force ? Même l’expert éprouve du mal à décrire ce concept, surtout si l’on attribue à un cigare un arôme riche alors qu’il est léger en puissance. Un cigare est considéré comme fort dès lors qu’il a des effets sur le corps humain. Si le cigare fait transpirer le fumeur, on suppose qu’il est plutôt fort que doux.
Ce qui a été bu ou grignoté avant la dégustation a également une influence inévitable sur la perception de la force. Ainsi, le cigare est essentiellement considéré comme plus fort lorsqu’il est fumé en buvant de l’eau ou du vin. Si la dégustation du cigare est accompagnée de quelques gorgées de whisky tourbé au goût fumé ou d’un rhum fort, il sera perçu comme doux. Quelle que soit la façon dont on aborde le sujet, ce n’est pas facile. Pour cette raison, la comparaison des expériences vécues lorsque l’on fume est intéressante parce que la dégustation et l’appréciation sont relatives et non absolues.
L’expert s’attendait à ce que les conclusions des évaluations portant sur la force des numéros 1 et 2 soient semblables. Ce n’était pas le cas. Apparemment, le stockage dans un environnement où le taux d’humidité est fluctuant a un effet significatif sur l’impression que l’on a de la force du cigare. Il s’avère que le Ligero est considérablement fragilisé par de telles conditions de stockage. Le qualificatif « frais » n’a pas été attribué une seule fois au n°1.
Alors que 71 % des personnes qui ont réalisé le test ont affirmé que le cigare n° 1 (cave standard) était « Plutôt doux à doux », seule une poignée de 45 % a formulé la même remarque au sujet du cigare sec (n°3). Il est assez clair que le cigare n°2 soit celui qui a été capable de conserver sa force sur la plus longue période, puisque moins d’un quart des participants l’ont catégorisé comme « Plutôt doux à doux ». Les autres ont été quasi unanimes sur le fait qu’ils étaient en présence d’un cigare fort. Sans nul doute, cette constance implique également que l’arôme perçu (« parfum typique du tabac ») est, d’une manière relative, en forte corrélation avec l’évaluation majoritaire « Assez fort à fort » de la puissance du cigare 2 : les pourcentages des participants s’étant prononcés pour ces deux appréciations ne présentent qu’un faible écart-type.

La combustion

Comme tous les cigares ont été exposés à un taux d’humidité convenable sur une période d’un peu moins de trois mois, une évaluation relativement similaire était à prévoir pour les trois catégories.

Conclusions générales

62% des participants au test de dégustation ont deviné que le cigare n° 2 était celui qui avait été stocké correctement. Il est étonnant de constater qu’un grand nombre de participants (24 %) ont préféré le cigare n°3, qui avait été entièrement asséché, au cigare n°1 qui avait fait l’objet d’un stockage dans un environnement à l’humidité fluctuante (13 %).
L’attente de l’expert en cave à cigares, que les cigares 1 et 2 (c’est-à-dire ceux provenant des deux caves à cigares) seraient assez similaires les uns les autres, n’a pas été satisfaite. L’expert ne s’attendait pas à ce que l’effet de la fluctuation de l’humidité de l’air sur les cigares soit apparemment comparable en tout point à ce que subissent les vins entreposés à des températures instables. Et comme un peu moins d’un quart des participants ont trouvé que les cigares secs étaient excellents, l’expert reconnaît que son conseil de se débarrasser immédiatement de ce type de cigares n’est plus judicieux. Au contraire : commencez par ramener les cigares secs à l’état normal, puis, fumez-les. Il peut toujours y avoir le résidu d’un arôme (après tout, 7% des participants ont indiqué que l’arôme de l’extra sec est très bon).
Si l’on additionne les appréciations « Très bon » et les appréciations « Bon » obtenues par le cigare 1 extra sec, celui-ci reçoit un incroyable 39% d’avis positifs en matière d’arôme. Les surprises pimentent la vie!

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